« Quelle vie en 2050 ? Dans quel monde vivront-nous en 2050 ? Quel avenir pour le climat et notre société ? Quels sont les changements à prévoir d’ici les 30 prochaines années ? Il nous reste moins de 30 ans pour changer les choses… À travers différents scénarios, l’ADEME (agence de la transition énergétique) propose quatre directions différentes pour atteindre la neutralité carbone. »
Ces scénarios sont un mélange entre sobriété, développement économique, nouvelles technologies, efficacité, industrialisation et j’en passe… Leur point commun ? De l’ambition, des paris dans des domaines encore peu exploités et surtout la neutralité carbone de notre pays d’ici 2050.
L’ADEME a nommé ses scénarios dans cet ordre, du plus sobre au plus innovant : Génération frugale (S1), Coopérations territoriales (S2), Technologies vertes (S3) et Pari réparateur (S4).
Les scénarios 1 et 4 sont très ambitieux. L’un se base sur un changement radical du comportement et du mode de vie des citoyens et l’autre sur de nouvelles technologies encore peu développées et exploitées.
Chez Alter, nous prônons la sobriété (les éco-gestes), l’efficacité (la rénovation énergétique) et les énergies renouvelables (projets citoyens et énergie partagée). C’est pourquoi nous croyons plus fortement en la société coopérative et réfléchie décrite dans le scénario 2.
Coopération territoriale
Comme le nom l’indique, le scénario 2 est basé sur un équilibre et un travail conjoint entre chaque échelon du gouvernement : le niveau national veille à l’équilibre des investissements face au changement climatique pour que, au niveau régional, chaque bassin puisse ajuster les politiques locales et assurer la pérennisation des ressources naturelles.
Biodiversité
Vous l’aurez compris, la nature est remise au centre de toutes les attentions et rentre dans la réglementation : les villes sont modélisées par des trames écologiques et l’éducation aux enjeux environnementaux est renforcée. Les quartiers se verdissent pour laisser place à la biodiversité et aux écosystèmes (réduction de la chaleur urbaine et création de potagers urbains).
Alimentation
Il n’y a pas de secret : la consommation de viande est réduite de moitié, l’agriculture biologique gagne du terrain au détriment de l’élevage animal et des cultures pour leur alimentation. Le marché local est dynamisé par des circuits de proximités.
Ressources
Globalement, les modes de vie changent afin de réduire nos consommations d’énergie mais également nos consommations de matériaux : plus de partage, plus de recyclage ce qui génère moins de production et une meilleure qualité avec des possibilités de réparation augmentées.
Bâtiment
Concernant l’habitat, l’objectif est de rénover beaucoup et bien, avec 80% de logements niveau BBC, c’est-à-dire 80 kWh/m²/an de consommation maximale en énergie finale. Les villes sont repensées de façon à trouver un équilibre entre le développement urbain et l’intégration des éléments naturels. L’intérêt n’est pas de s’étaler mais de s’agrandir afin de rester à proximité des besoins essentiels. Cela concerne autant les grandes villes que les moyennes, avec la réhabilitation des centres villes. Enfin, le bâtiment tertiaire suit le mouvement avec 70% des surfaces respectant le décret tertiaire.
Mobilité
La mobilité a aussi fort à jouer dans ce scénario. Celle-ci diminue légèrement (8%) au profit de la proximité – encore et toujours – et grâce au développement des transports en commun et des moyens vertueux comme le vélo cargo, le partage de voiture, le covoiturage et l’électrification. Les marchandises changent de monture et doublent leur utilisation des voies ferroviaires et fluviales par rapport à aujourd’hui. L’économie circulaire favorise l’optimisation des volumes transportés et permet ainsi une réduction des consommations d’énergie. De ce fait, les émissions de GES dans ce secteur diminuent de 95%.
Industrie
Une politique de ré-industrialisation du territoire par régions, par besoins et par stockage de CO2 possible est mise en place afin de diminuer les émissions de GES et les consommations énergétiques du secteur industriel. La diminution drastique de la demande et la forte augmentation du taux de matière première recyclée (80%, le plus élevé de tous les scénarios) permettent à ce secteur de réduire de moitié ses consommations d’énergie et d’environ 80% les GES.
Production d’énergie et stockage de CO2
Le mix énergétique fait entrer l’hydrogène dans l’équation. Celui-ci devient nécessaire dans le transport, le power-to-méthane (fabrication de méthane de synthèse par électrolyse) et l’industrie spécifique (chimie et sidérurgie).
Enfin, les puits de carbone restent majoritairement naturels grâce à la modification des techniques agricoles comme l’implantation de haies, l’agroforesterie, les couverts végétaux. Le prélèvement de bois forestier reste modéré, ce qui permet de maintenir un puits de carbone important complémentaire. Le procédé de captage et stockage de CO2 se concentre sur des industries spécifiques comme les cimenteries (3e plus grand producteur mondial de GES).
Vous l’aurez compris, ce scénario, ce mode de vie, à l’horizon 2050 est encore loin de la réalité mais il est prometteur. Tous ces changements passeront par nos comportements, nos choix et nos convictions. Pour certains, les élections présidentielles sont un fiasco écologique, à nous de prouver le contraire et de nous investir dès aujourd’hui pour le monde de demain.
Antoine Cadoret