On continue notre série de démystification des énergies renouvelables avec les « on dit » sur la géothermie entendus sur le terrain. D’après vous, vrai ou faux ?

La géothermie est une source d’énergie renouvelable qui utilise la chaleur du sous-sol pour la transformer en chauffage ou en électricité, en fonction de la température en profondeur.

La géothermie haute énergie, aussi appelée géothermie profonde, concerne les sites où la température des fluides récupérés est de 150°C ou plus. Généralement, ces forages sont à plus de 1500 mètres de profondeur. De l’eau est injectée dans le puits, qui se réchauffe au contact des roches chaudes en profondeur. L’eau est remontée en surface et son énergie est alors transmise pour actionner des turbines. En France, deux centrales électriques utilisent la géothermie profonde : un site à Bouillante en Guadeloupe et un site en Alsace, à Soultz-sous-Forêt.

La géothermie, c’est dangereux : ça fait des tremblements de terre.

C’est vrai : Créer de nouvelles centrales géothermiques nécessite d’injecter des fluides sous haute pression dans le sous-sol. La circulation de ces fluides peut produire des microséismes, qui ne sont pas perceptibles. Mais il est arrivé que des projets, notamment à Vendenheim dans le Bas-Rhin, aient dû être stoppés à cause d’une série de séismes, perceptibles cette fois, déclenchés par le non-respect du protocole industriel.

Mais pas tout à fait : Il faut une parfaite connaissance du réservoir en profondeur : sa nature, sa géométrie, l’orientation des failles ou encore la quantité de tension tectonique préalablement accumulée. Dans ces conditions, les forages ne posent pas de problèmes.

Ça fait du bruit !

Faux : Les pompes sont enterrées et les installations qui produisent de la chaleur ne font aucun bruit en cours d’exploitation. Toutefois, lorsque l’installation de géothermie profonde produit de l’électricité, certains équipements génèrent des nuisances sonores. Celles-ci sont prises en compte lors de la conception de projets : les installations sont souvent implantées loin des habitations et les bâtiments sont insonorisés. Les émissions sonores doivent rester en dessous de 70 dB à 20 mètres, soit le bruit d’un aspirateur.

C’est trop cher.

Faux : Les forages et l’installation d’une centrale de géothermie profonde sont coûteux lors de leur installation. Une fois en route, l’installation nécessite peu d’entretien. La géothermie profonde est rentable à long terme et fournit une source d’énergie fiable et durable à moindre coût !

La géothermie épuise les réserves souterraines en eau.

Faux : L’eau souterraine puisée est renvoyée dans le sous-sol après avoir cédé sa chaleur, à la manière d’un circuit fermé. Il s’agit majoritairement de réserves d’eau saline millénaires situées à plusieurs kilomètres de profondeur : ce ne sont pas des nappes d’eau potable.

La géothermie permet d’atteindre la neutralité carbone.

Vrai : La géothermie détient un potentiel insuffisamment exploité : la géothermie profonde présente une grande efficacité énergétique, cette source est disponible dans plusieurs régions françaises. Le ministère de la Transition énergétique a d’ailleurs lancé un plan d’action pour accélérer le développement de cette source d’énergie renouvelable sur le territoire en 2023. La programmation pluriannuelle de l’énergie fixe un objectif de 4 à 5,2 TWh de consommation finale de chaleur issue de la géothermie profonde en 2028.

La géothermie, bien que parfois méconnue ou mal comprise, révèle ses nombreux atouts et défis ; il est crucial de continuer à s’informer et à démystifier cette énergie renouvelable pour en favoriser l’exploitation.

La géothermie profonde en quelques chiffres

10 gCO₂/kWh

Les émissions de gaz à effet de serre liées au cycle de vie d’une centrale de géothermie profonde

15 à 55 €/MWh

Le coût d’1MWh, en prenant en compte le coût de l’installation et d’exploitation

200°C

La température de l’eau à 5000 mètres de profondeur à la centrale de Soultz-sous-Forêts