L’or du Rhin : des concessions pour l’ #hydroélectricité

Douze installations hydro-électriques sont en fonctionnement le long du Rhin, elles produisent environ 8 TWh par an, soit deux tiers de la consommation d’électricité de l’Alsace. Ces installations sont exploitées par EDF ou des filiales franco-allemandes comme la plupart des bar rages hydroélectriques en France, mais la prédominance d’EDF sur ce secteur d’activité pourrait être remis e en question.

En France, l’exploitation de l’énergie hydraulique est réglementée. Les installations les moins puissantes nécessitent une autorisation voire une déclaration, et audelà de 4,5 MW le régime des concessions s’applique . Historiquement, la plupart des concessions étaient attribuées à EDF et à la compagnie nationale du Rhône et elles étaient renouvelées de gré à gré.
Ce fonctionnement est remis en cause car les règles de l’Union Européenne concernant la libéralisation du marché de l’énergie imposent une mise en concurrence. Un contentieux contre la France a notamment été lancé en 2015 par la commissaire européenne à la concurrence.

Alors que les gouvernements précédents ont préféré temporiser, le pouvoir en place a annoncé en février avoir relancé le dossier de l’ouverture des concessions pour faire suite au contentieux. Une partie des concessions , correspondant à 18% de la puissance totale des 400400 concessions, pourrait être ouverte à la concurrence d’ici fin 2021. Sur le Rhin, la concession de Kembs été renouvelée en 2013 et les prochaines concernées seraient Ottmarsheim en 2027 et Fessenheim en 2031, à l’issue de leurs concessions de 75 ans.

La production d’électricité d’origine hydraulique étant un secteur stratégique, les conséquences possibles de la mise en concurrence font débat. Du point de vue de la transition énergétique, il est important de rappeler que l’hydroélectricité est la première source de production d’électricité renouvelable, mais également la plus pilotable et flexible : elle permet dans certains cas de stocker l’énergie et de gérer les pointes de consommation sans recourir à des importations d’énergie moins vertueuses. EDF pourrait regretter que les bénéfices très importants de l’exploitation des concessions n’aillent plus sur leurs comptes. Et ce alors que le parc nucléaire coûteux mettra déjà EDF en difficulté les prochaines années. Par ailleurs, des craintes ont été exprimées sur les risques de mauvaise gestion des ouvrages hydroélectriques.

Notamment, il faut pouvoir garantir que les nouveaux détenteurs des concessions prendront en compte les autres usages des cours d’eau tels que le soutien d’étiage, l’irrigation, la pêche, le tourisme ou le refroidissement des réacteurs nucléaires!

Le flou qui persiste depuis plusieurs années a en lui-même un impact négatif. En effet, les détenteurs actuels de concessions ont gelé leurs investissements sur les barrages dont les concessions seront remises en concurrence prochainement.

Ce débat pourrait aussi être celui des bonnes pratiques attendues de la part des exploitants. La prise en compte de la biodiversité dans le fonctionnement des barrages du Rhin a elle aussi fait polémique par le passé.
Ces nouvelles concessions pourraient aussi voir apparaître des porteurs de projets citoyens qui désireraient postuler pour exploiter ces grandes installations!

Eloi Navarro

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