Retour sur la genèse de l’association Alter Alsace Energies : à nos origines, on trouve un projet de géothermie !

Le projet Alter Alsace

Le 24 octobre 1979, à la suite du Projet Alter Français, lancé en 1978 à l’échelle nationale, un collectif prend l’initiative de créer le Projet Alter Alsace (PAA). Il  est formé de Geneviève Ancel (directrice des services à la mairie de Lutterbach), Roger Winterhalter (maire de Lutterbach), Othon Winter, Bernard Sigrist (élus de la commune), Thierry de Larochelambert (physicien)  et Michel Pierre ( ingénieur).  Il propose le développement soutenu des énergies solaire, hydraulique, géothermique et de la biomasse en Alsace ainsi qu’une bataille contre le gaspillage. La commune de Lutterbach, très impliquée dans cet engagement écocitoyen, met des bureaux à sa disposition.

Geneviève Ancel devient la première présidente de notre association. Grâce à des subventions de l’AFME (aujourd’hui ADEME) et de la Région Alsace, Rémy Gendre devient le premier permanent. Le PAA définit son champ d’action : conseils aux collectivités et aux particuliers et interventions auprès des scolaires et du grand public. Il organise à Lutterbach un événement festif en faveur des solutions écologiques et alternatives,  « la Fête du Soleil ».

Le projet de géothermie à Lutterbach

Dans le même temps, le projet géothermique en grande profondeur à Lutterbach est lancé par la mairie de la commune et le PAA, avec le concours sur le plan scientifique de Thierry de Larochelambert, de Michel Pierre et de Jacques Varet, ingénieur au BRGM (bureau de recherches géologiques et minières). Grâce à de nombreuses réunions de quartier organisées par Geneviève Ancel et Roger Winterhalter soutenu par son équipe municipale, il est porté par la population de Lutterbach qui se mobilise fortement. En effet, les gens en comprennent les enjeux sociaux et économiques inimaginables pour une commune aux moyens financiers très limités, et prennent conscience que la géothermie pourrait bénéficier à toute l’agglomération mulhousienne.

L’étude de faisabilité démontre que le projet , viable économiquement, pourrait être multiplié en Alsace. Cette dynamique citoyenne permet de soutenir les démarches de l’équipe. Les recherches de soutiens et de financements nécessaires pour sa mise en œuvre mobilisent fortement les équipes de Lutterbach à toutes les échelles de territoires : local, régional (Région Alsace, Diren, services de l’Etat en région), national (BRGM et l’AFME) et auprès de plusieurs Ministères, européen (à Bruxelles, devant le commissaire européen à l’énergie). À Paris, le ministre de l’Environnement, Huguette Bouchardeau, le défend.

Malheureusement malgré les  autorisations à effectuer les forages , la deuxième commission des réseaux (où siègent le ministère de l’industrie, EDF, GDF, les Charbonnages de France, Total et ELF), refuse par trois fois d’accorder le permis de créer le réseau de chauffage géothermique à Lutterbach sous le prétexte fallacieux que le taux de rentabilité interne de 10,5% du projet est trop bas.

Les raisons sont en fait politiques. D’une part les communes du Haut-Rhin se sont opposées aux injections de saumure (dans le réservoir géothermique alsacien) ; d’autre part, Gaz de France a un projet concurrentiel qui est réalisé peu après.

Le projet, débouté dans cette ultime phase, n’a pas été repris par les municipalités successives. Il reste d’actualité et pourrait être réalisé pour peu que Mulhouse Alsace Agglomération s’en empare dans le cadre de sa transition. Alter Alsace Energies est prête à y contribuer.

Annie de Larochelambert

Vice-présidente