Interview de Gwenaëlle Trouvé

Mme Gwenaëlle Trouvé est  professeure des universités au laboratoire gestion des risques et environnement, à l’Université de Haute Alsace. Elle répond aux questions d’Etienne Jaeger, alternant à Alter Alsace Energies, sur les usages du bois énergie.

Quelles sont aujourd’hui les technologies permettant de brûler du bois le plus proprement possible ?

En 2000, l’Agence de l’Environnement et la Maitrise de l’Energie (ADEME) en partenariat avec le Syndicat des Energies renouvelables (SER) créent le label national Flamme Verte pour inciter les fabricants à proposer sur le marché Français des appareils à plus haut rendement thermique et ayant moins d’impacts sur la qualité de l’air, donc moins polluants. Par l’intermédiaire des fonds chaleurs mis en place par les gouvernements successifs, des aides sont possibles pour que les particuliers s’équipent avec des appareils plus performants (remplacement d’un ancien appareil de chauffage au bois ou d’une chaudière à fioul ou à gaz).

Dans ce cadre et pour atteindre ces objectifs, les fabricants ont travaillé à la fois sur l’optimisation des chambres de combustion mais aussi sur les traitements de fumées.

Ils proposent maintenant des appareils dont les chambres de combustion sont beaucoup plus étanches et dotées de matériaux beaucoup plus isolants dont les pertes thermiques sont réduites. On y gagne en rendement et en confort thermique tout en réduisant sa consommation de bois.

Les arrivées de l’air ont aussi été modifiées : il n’y a plus d’appareil avec une seule arrivée d’air prise dans la pièce et qui arrive sous la grille (air primaire). Les chambres sont conçues pour réchauffer l’air primaire dans la chambre et introduire cet air chaud (air secondaire) en haut de la chambre de combustion. Il en résulte que l’on crée alors une zone de post-combustion qui permet de terminer l’oxydation des matières.

volatiles polluantes et de réduire également les émissions de particules fines. La plupart des appareils renvoient aussi un air chaud verticalement sur la vitre permettant alors de nettoyer la vitre au cours de la combustion et de limiter l’encrassement de celle-ci.

A ces solutions, des fabricants rajoutent des systèmes de post-traitement par l’utilisation de mousses céramiques catalysées qui vont poursuivre l’oxydation des matières volatiles présentes dans les fumées. Certains appareils présentent également un allongement du temps de résidence des gaz émis dans la zone de post-combustion pour permettre aux réactions d’oxydation des matières volatiles de s’achever. Ces techniques concourent à des appareils à très faible impact environnemental. Dans ces conditions, la concentration du monoxyde de carbone et des particules sont réduites respectivement de 70% et 80%.

Quelles sont les conseils que vous donneriez aux citoyens et aux collectivités ?

La première chose est de s’assurer que la puissance thermique fournie soit bien adaptée à la surface/volume du logement à chauffer. Si la puissance fournie est trop petite, on n’atteindra pas le confort thermique désiré. Si elle est trop grande, on surchauffera le logement tout en consommant plus que de nécessaire la quantité de combustible.

Pour des raisons de sécurité incendie, il faut s’assurer que l’installateur vous propose le tubage du conduit, celui-ci devant obligatoirement être ramoné tous les ans.

Même avec un appareil le plus performant labellisé Flamme verte 7 étoiles, on ne peut gagner en confort thermique tout en limitant l’impact environnemental que si on achète un combustible de qualité préparé par des professionnels pour le bois bûche et des granulés répondant à des certifications françaises ou européennes qui assurent aux granulés des propriétés combustibles constantes. Si ces combustibles restent plus chers, on en consommera au final moins car leurs propriétés leur confèrent un très bon pouvoir calorifique.

Pour le combustible bûche, il faut privilégier une essence de feuillus (charme, hêtre) sec à moins de 23% d’humidité et contenant le moins d’écorces possible. Celles-ci contiennent des minéraux qui sont des incombustibles. La taille des buches doit être adaptée au volume de la chambre de combustion. Il faut préconiser l’allumage par le haut sur un tas de petits morceaux de bois car on réalise une combustion dite « inversée » qui est moins polluante. Il faut aussi essayer de limiter de travailler à tirage réduit car cette pratique émet un grand nombre de polluants gazeux et particulaires dont les goudrons qui encrassent les conduits de cheminée.

Pour le combustible granulés, les certifications NF, EN+ A1 et DIN + restent à privilégier.

Quel que soit le combustible choisi, il faut privilégier les circuits courts pour l’approvisionnement du combustible. Par exemple, acheter des granulés qui viennent des forêts de l’Est de l’Europe n’a pas de sens et augmente l’empreinte carbone.

Gwennaëlle Trouvé

Propos recueillis par Etienne Jaeger, alternant

 

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