Dans le contexte actuel de crise énergétique, le terme de sobriété intervient sur tous les médias avec une déclinaison de définition parfois perturbante voir trompeuse. Pour parler sereinement et sans se tromper de sobriété, il faut comprendre ce qu’est la sobriété.
Le terme de sobriété vient de mot “sobre” qui signifie : “Qui est marqué par la mesure, la modération : Une vie sobre”2. La sobriété c’est donc tout simplement de ne pas faire d’excès. Cette notion peut se décliner dans différents domaines comme la sobriété vestimentaire, par exemple. Nous traiterons ici de la sobriété appliquée au domaine de l’énergie.
La notion de sobriété énergétique est largement traitée par l’association Négawatt qui en fait un cheval de bataille depuis plus de 20 ans. Pour eux, la sobriété énergétique est “une démarche de modération sur les services rendus par la consommation d’énergie à l’opposé de la surconsommation”3.
La sobriété énergétique passe donc par des changements de comportements, de modes de vie et d’organisation collective. Il est possible de décliner la notion de sobriété à plusieurs niveaux. C’est ainsi qu’on va trouver la sobriété structurelle qui consiste à favoriser la modération des consommations par une organisation collective incitative.
C’est le cas avec le développement des réseaux de transport en commun par exemple. On aura ensuite la sobriété dimensionnelle qui vise à regarder si nos équipements sont cohérents avec nos besoins. Il y a également la sobriété d’usage qui consiste à améliorer le niveau et la durée d’utilisation des équipements en évitant de les solliciter. Enfin, il y a la sobriété coopérative qui a pour objectif de mettre en place des organisations collectives et à mutualiser les biens.
Les enjeux de la sobriété sont donc multiples : il s’agit de faire des économies d’énergie en réévaluant les besoins des individus et en répondant différemment aux besoins nécessaires, de faire des économies financières et limitant les achats pour les consommateurs
Attention, il ne faut pas confondre sobriété et privation ou retour en arrière. Il s’agit d’évaluer quels sont les besoins réels des individus. Est-il réellement nécessaire pour notre confort d’avoir un portable, une tablette et un ordinateur ou est-il possible de se contenter de seulement un ou deux des appareils préalablement citées?
Il ne faut pas non plus confondre la notion de sobriété et d’électrification. Le phénomène d’électrification signifie que des processus usant d’énergies fossiles seront modifiés de manière à utiliser de l’énergie électrique. Cela signifie donc une augmentation en quantité d’électricité quand la sobriété vise au contraire à la réduire. Cette confusion intervient notamment dans la question des déplacements, avec l’essor de la voiture électrique. Si l’électrification des usages apporte une solution partielle en permettant de revoir les systèmes et rendre moins énergivores les appareils, cette solution reste partielle et imparfaite puisque nous ne sommes actuellement pas capables de fournir suffisamment d’électricité renouvelable pour suivre le phénomène d’électrification.
Téléphoner
Ce qui consomme beaucoup d’énergie dans un téléphone portable ; c’est la création de l’appareil en lui-même. Pour 7 milliards de téléphones, il faut compter 968TWh d’électricité (sans compter les émissions de gaz à effet de serre et l’utilisation de métaux rares). La sobriété, dans le milieu des smartphones, passe d’abord par ne pas en avoir si on en n’a pas une véritable utilité (est-ce vraiment utile avant 18 ans? / Privilégier une double carte SIM plutôt que le fait d’avoir deux téléphones). Avant de procéder à l’achat, il faut se renseigner sur l’indice de réparabilité de l’appareil, privilégier des marques responsables comme Fairphone ou un matériel reconditionné et opter pour un écran moins grand qui sera moins gourmand en énergie. Lorsque l’on est propriétaire d’un téléphone, il faut en prendre soin (ne pas avoir trop d’application sur le cellulaire / couper les données mobiles lorsque cela est possible pour économiser la batterie…). Le but est de garder son téléphone le plus longtemps possible (plus de 5 ans minimum). Opter pour des réparations dès que cela est possible et si l’appareil est inutilisable, il faut choisir une solution de recyclage adaptée (point de collecte en magasin électroménager, déchèterie…).
S’habiller
Le textile, c’est 278 milliers de tonnes d’équivalent pétrole utilisées en 2018. Pour faire des économies d’énergies en matière d’habillement, il faut privilégier des habits faits localement, acheter moins mais de meilleure qualité ou d’occasion, garder ses habits le plus longtemps possible en essayant de les réparer quand cela est possible. En fin de vie du vêtement il faut les recycler.
Se déplacer
On le sait, se déplacer est énergivore. Pour être sobre dans ses déplacements, il faut privilégier la marche, le vélo, les transports en commun, les locations de voiture et ne pas prendre l’avion ou le bateau si un autre équivalent est possible.
Se laver
Pour faire des économies d’énergie en matière de douche, il est conseillé de se doucher avec une eau tiède, de mettre des mousseurs – ou aérateurs aux robinets – et un pommeau de douche écologique qui permettent d’utiliser moins d’eau (donc de chauffer moins d’eau au préalable), limiter la durée de ses douches (moins de 5 minutes).
Se nourrir
Oui, oui, vous avez bien lu, manger ça utilise de l’énergie et notamment : manger de la viande4,5. Il faudrait donc limiter sa consommation de viande (3 ou 4 fois par semaine suffit!) ou passer à un régime végétarien. Pour le reste des aliments, privilégiez le fait maison, local et bio. Et bon !!
Anne Vuillaume
Chargée de mission ENR collectivités