L’Ile de Sein, 150 habitants, 0,6 km² est un site intéressant du point de vue énergétique. Isolée du continent, sans voiture, l’énergie consommée l’est quasi intégralement sous forme d’électricité. Cette électricité est produite par des groupes électrogènes qui consomment 420 000 L de fioul, soit 4,2 GWh par an. C’est polluant, et surtout très cher.
En France, la péréquation tarifaire1 permet à tout usager de payer l’électricité au même tarif. Cependant, la production d’électricité sur l’Ile de Sein, comme sur les autres îles, est souvent beaucoup plus coûteuse, en particulier à cause du coût élevé de production au fioul. EdF compense le manque à gagner par la réception de la CSPE, taxe perçue auprès de tous les consommateurs.
Les habitants de l’Ile de Sein, conscients de l’impact négatif tant environnemental qu’économique, proposent aujourd’hui une alternative avec un programme 100% renouvelable, passant par la maîtrise de la demande en énergie et l’installation d’énergies renouvelables (éolien, géothermie, photovoltaïque). Ils ont monté une entreprise, « Ile de Sein Energie » (IDSE), afin de produire et distribuer l’électricité sur l’île.
Ce n’est pas simple. L’électricité est aujourd’hui produite et distribuée par EdF, qui n’est pas vraiment encline à céder ce marché : la récupération de la CSPE pour alimenter les « zones non interconnectées » représentait environ 1,4 milliard d’euros en 2015 2. L’idée de céder ce marché à une petite entreprise locale sur l’ïle de Sein, ce qui pourrait donner des idées à d’autres éventuellement, n’enthousiasme pas EdF.
Mais la motivation de ce petit groupe a l’air bien réelle : Depuis 2013, cette structure travaille à un projet 100% renouvelable, qui se heurte à un mur quand il est proposé à EdF. Après avoir déposé plainte auprès du Conseil d’Etat en mai 2017, sans résultat, IDSE s’est tournée le 16 mars 2018, vers la commission européenne pour dénoncer l’absence de mise en concurrence pour l’octroi des concessions des réseaux en zone non interconnectée. Une affaire à suivre… !
D’autant plus que les exemples de réussite existent : chez nos voisins allemands, les citoyens de la ville de Schönau se sont réappropriés leur réseau.
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Coline Lemaignan