Etude #RTE : le rapport de la victoire ?

L’énergie dans le débat public est un sujet souvent très clivant, et disons-le, souvent construit sur peu de choses. A Alter Alsace Energies, nous soutenons le projet Négawatt depuis de très nombreuses années, ce qui ne nous empêche pas de chercher tout autre bonne volonté. L’état a commandé un rapport à RTE, rendu quelques semaines après la parution du scénario Négawatt 2022. Il permet d’avoir une vision de l’ensemble des possibilités pour notre mix énergétique à l’horizon 2050.

Dans un premier temps, il est intéressant de remarquer que la partie hors électricité s’appuie fortement sur le gaz, mais décarboné (hé non ! Pas de gaz russe, désolé !) et sur le bois, les biocarburants et la chaleur issue des déchets, ce qui n’est pas sans rappeler son cousin, le scénario Négawatt.

RTE a retiré 18 points d’enseignement de ces scénarios :

1 Agir sur l’efficacité Énergétique, voire la sobriété est INDISPENSABLE.

Si la sobriété est placée en deuxième, elle est présente, alors qu’elle est souvent jugée être en opposition avec notre économie.

2 La consommation d’électricité va augmenter pour se substituer aux énergies fossiles.

3 Accélérer la réindustrialisation du pays, en électrifiant les procédés, augmente la consommation d’électricité mais réduit l’empreinte carbone de la France

4 Atteindre la neutralité carbone en 2050 est impossible sans un développement significatif des énergies renouvelables : voici un outil formidable pour vos débats en famille où votre tonton vous rit au nez en vous disant que les éoliennes, c’est moche ou que le solaire, ça brûle. En effet, EDF a tiré la sonnette d’alarme : plus de 50 % de nucléaire en 2050 était impossible, entre les réacteurs vieillissant et les durées de mise en service de potentiels nouveaux réacteurs.

5 Se passer de nouveaux réacteurs nucléaires implique des rythmes de développement des énergies renouvelables plus rapides que ceux des pays européens les plus dynamiques. Difficile, car impliquant de lourdes décisions politiques, voici une opportunité de devenir leaders d’une démarche européenne volontariste.

6 Construire de nouveaux réacteurs nucléaires est pertinent du point de vue économique, a fortiori quand cela permet de conserver un parc d’une quarantaine de GW en 2050 (nucléaire existant et nouveau nucléaire). Ce point pourrait être à l’origine de la commande de nouveaux réacteurs de M. Macron. Hélas, le choix de l’économie a primé sur celui de l’innovation.

7 Les énergies renouvelables électriques sont devenues des solutions compétitives. Cela est d’autant plus marqué dans le cas de grands parcs solaires et éoliens à terre et en mer.

8 Les moyens de pilotage dont le système a besoin pour garantir la sécurité d’approvisionnement sont très différents selon les scénarios. Il existe un intérêt économique à accroître le pilotage de la consommation, à développer des interconnexions et le stockage hydraulique, ainsi qu’à installer des batteries pour accompagner le solaire. Au-delà, le besoin de construire de nouvelles centrales thermiques assises sur des stocks de gaz décarbonés (dont l’hydrogène) est important si la relance du nucléaire est minimale et il devient massif – donc coûteux – si l’on tend vers 100% renouvelable.

9 Dans tous les scénarios, les réseaux électriques doivent être rapidement redimensionnés pour rendre possible la transition énergétique.

10 Créer un « système hydrogène bas-carbone » performant est un atout pour décarboner certains secteurs difficiles à électrifier, et une nécessité dans les scénarios à très fort développement en renouvelables pour stocker l’énergie

11 Les scénarios à très haute part d’énergies renouvelables, ou celui nécessitant la prolongation des  réacteurs nucléaires existants au-delà de 60 ans, impliquent des paris technologiques lourds pour être au rendez-vous de la neutralité carbone en 2050.

13 Le développement des énergies renouvelables soulève un enjeu d’occupation de l’espace et de limitation des usages. Il peut s’intensifier sans exercer de pression excessive sur l’artificialisation des sols, mais doit se poursuivre dans chaque territoire en s’attachant à la préservation du cadre de vie

12 La transformation du système électrique doit intégrer dès à présent les conséquences probables du changement climatique, notamment sur les ressources en eau, les vagues de chaleur ou les régimes de vent

14 Même en intégrant le bilan carbone complet des infrastructures sur l’ensemble de leur cycle de vie, l’électricité en France restera très largement décarbonée et contribuera fortement à l’atteinte de la neutralité carbone en se substituant aux énergies fossiles

15 L’économie de la transition énergétique peut générer des tensions sur l’approvisionnement en ressources minérales, particulièrement pour certains métaux, qu’il sera nécessaire d’anticiper

16 Pour 2050, le système électrique de la neutralité carbone peut être atteint à un coût maîtrisable pour la France

17 Pour 2030, développer les énergies renouvelables le plus rapidement possible et prolonger les réacteurs nucléaires existants dans une logique de maximisation de la production bas-carbone augmente les chances d’atteindre la cible du nouveau paquet européen « -55 % net »

18 Quel que soit le scénario choisi, il y a urgence à se mobiliser

Conclusion : si nous ne sommes pas encore au 100% renouvelable, il est maintenant de notoriété publique que ce scénario est possible. C’est inscrit dans trois scénarios sur six. Et le mot sobriété apparait enfin dans un document d’orientation nationale pour l’énergie.  A partir de là, ce sont les choix politiques qui feront la différence.

Julien Afonso

Source https://www.rte-france.com/

 

 

 

Leave a Comment